Keyvan Piroird
La présence d’huile dans une mousse peut engendrer des comportements radicalement différents : l’huile est généralement connue comme un agent anti-moussant, menant à la destruction des films de savons composant une mousse aqueuse. En s’étalant à l’interface eau/air, une faible quantité d’huile peut ainsi détruire un grand volume de mousse. Au contraire, si c’est l’eau qui s’étale sur l’huile, cette dernière peut rester piégée sous forme de gouttelettes dans le réseau liquide de la mousse sans la détruire. L’accumulation de ces gouttes peut même ralentir le drainage gravitaire, augmentant ainsi la stabilité de la mousse. Le passage d’un cas à l’autre est essentiellement piloté par la physico-chimie du système eau/huile/air. Nous nous sommes concentrés sur le second cas et nous avons montré que lorsque l’huile ne brise pas les films de savon, la mousse peut agir comme une « éponge liquide », capable d’absorber, de retenir et de transporter l’huile. Nous nous sommes intéressés à la dynamique d’absorption observée lorsque qu’une huile est mise en contact avec une mousse aqueuse. Pour cela nous avons réalisé des expériences à l’échelle d’un bord de Plateau (canal liquide micrométrique à la jonction entre trois films de savons). La dépression d’origine capillaire qui y règne est le moteur de l’écoulement : ces canaux agissent ainsi comme des tubes capillaires liquides, capables d’aspirer un autre liquide. Ces tubes étant déformables par nature, la dynamique d’imprégnation observée diffère de la loi classique de Washburn pour des tubes solides. Enfin, nous avons montré que la présence d’huile dans la mousse peut affecter le temps caractéristique de réarrangement entre bulles. Des expériences à l’échelle de quelques bulles montrent que la distribution d’huile peut être modifiée lors d’un processus de changement de voisin, avec de possibles implications sur la rhéologie des mousses chargées d’huile.